Un p'tit coup et ça repart...

Une grosse vente devait avoir lieu au travail de Brennan. A cause de celle-ci, tous les experts étaient "gentiment conviés" à rester sur les lieux une partie de la nuit. Autant dire que notre hybride n'en était pas ravi. Non seulement il avait faim mais en plus, c'était une vente ennuyeuse d'objets qu'ils trouvaient sans valeur et affreusement laids. Que des trucs kitchs !

Quand enfin il put quitter le bâtiment, il était plus de vingt deux heures trente. Bien entendu, comme tous ceux de son espèce, il n'était pas fatigué. Comment pouvait-il l'être alors qu'il ne dormait jamais ? Cela dit, il était bel et bien blasé. Blasé car il avait perdu sa soirée. Non seulement la préparation de la vente n'était pas terminée mais en plus, deux objets avaient été cassé par la nouvelle assistante qui se débrouillait comme un pied. Et PAF ! 15 000 $ partis en fumée... Il lui faudrait plus d'un an de salaire pour rembourser tout ça, si tant est qu'elle reste dans l'entreprise après un coup pareil.

Bref, le moment était venu pour Brain de se changer les idées. Il était hors de question pour lui qu'il rentre à son appart' pour rester enfermé après une journée et surtout une soirée pareille. Il se décida donc pour aller boire un verre dans un bar assez proche de son travail, celui-ci s'appelait The Crow. Il s'agissait en fait d'un Club mais comme Brennan n'avait pas la tête à faire la fête, il n'irait pas dans la partie dédiée à cet effet.
A peine entré, il se dirigea directement au bar, ne faisant pas attention aux regards qu'on pouvait lui lancer. Ce soir-là, il n'avait pas envie de faire semblant d'avoir des amis, il n'était vraiment pas d'humeur... Le discours au barman fut donc simple et concis :

- Bonsoir ! Tequila Sunrise s'il vous plait.

Il attendit d'être servi, tournant le dos à la pièce principale. Il ne voulait surtout pas voir tous ces humains s'amuser et faire la fête alors que lui faisait grise mine. Cela dit, il sentait des regards pesant sur lui. Il se retourna pour voir de qui cela venait et il vit alors un groupe de filles, relativement jeunes, pas plus de vingt ans d'après lui, en train de le regarder et de glousser comme des dindes. Visiblement, elles étaient en train de faire un examen de sa personne, jugeant s'il était oui ou non plus sexy que Brad Pitt ! Il le sentit, grâce à son don, l'une d'elle avait l'intention de l'aborder. Brennan arqua un sourcil et se pencha sur son verre que le barman venait de lui déposer. Si elle venait réellement, elle serait servie ! Ce n'était pas la soirée pour ça...

Il but une gorgée, puis deux puis ... il entendit des pas derrière lui qui se stoppèrent à sa hauteur. Soupirant, il tourna la tête mais ce n'était aucune des pimbêches qu'il avait vu avant... Étrangement poli physiquement parlant, il dit seulement :

- Oui ?

Rayne ôta sa troisième robe et la jeta sur son lit. Elle avait accepté d’accompagne Martine t ses amis dans un club pour danser. Son frère voulait qu’elle se détende et la jeune femme désormais châtain avec de petites mèches blonde avait accepté, pour une fois. Elle avait vraiment besoin de penser à autre chose, pas de Sam encore amoureux de sa fiancée, pas de James partit se jeter dans la gueule du loup, pas de cours, juste elle et une bande d’amis. D’accord les amis de Martin étaient soit des geeks à lunette soit des flambeurs comme lui. Et bien sur c’était la deuxième catégorie qui les accompagnait ce soir. La française ne savait même pas où son frère voulait l’emmener exactement mais tant pis, elle voulait juste se vider la tête. Seuls deux détails la perturbaient. D’abord parmi les amis de son aîné il y aurait Colin, un garçon qu’elle connaissait particulièrement bien puisqu’il était son ex, enfin on ne pouvait pas vraiment le considérer ainsi puisqu’au final il n’avait fait que se moquer de la jeune femme pour la mettre dans son lit et l’oublier le lendemain matin. D’ailleurs l’étudiante ne comprenait pas pourquoi Martin continuait de le fréquenter. Et ensuite elle ne savait pas quoi mettre.

L’étudiante avait déjà essayé deux robes et un ensemble mais rien ne lui plaisait. Elle voulait se faire jolie pour montré à Colin qu’elle se fichait qu’il soit là où non, et malgré sa timidité Rayne souhaitait une tenue qui pousserait peut-être un homme à lui faire des avances. Mais elle ne volait pas no plus que Martin la renvoie se changer lorsqu’il verrait sa tenue et elle ne voulait pas non plus s’habiller ‘comme Rayne’. La jeune femme renfermée et un peu à l’ouest. Une nouvelle fois elle regarda dans son armoire qui regorgeait de vêtements. La brunette avait beau être une femme qui s’effaçait dans la masse elle possédait une garde-robe relativement importante, en partie parce que sa mère la forçait souvent à acheter de nouveaux vêtements, la poussant à sortir de sa petite coquille. La française mit la main sur une jupe en jean noire droite des hanches jusqu’à mi-cuisse puis plissé façon kilt. Pour la faire tenir elle y mit une ceinture fine faisant deux fois le tour de sa taille et agrémenté d’une petite chaine sur le côté. Il ne lui restait plus qu’à trouver quoi mettre avec ça. Fouillant un peu plus profondément, Rayne découvrit un bustier blanc qu’elle n’avait jamais porté auparavant. Elle l’essayait et s’observa dans le miroir. Son haut était assez long pour qu’on ne voie pas de partie de son ventre mais il n’avait pas de bretelle et donc celles de son soutien-gorge ressortaient. L’étudiante revint vers son lit où un gilet de smoking pour femme trainait, vestige de son premier ensemble et l’enfila. Il masquait son sous-vêtement et si elle l’attachait sa poitrine était légèrement mise en valeur.

Maintenant satisfaite de sa tenue, Rayne se coiffa rapidement les cheveux et mit un minimum de maquillage pour être présentable, crayon et mascara pour les yeux et une touche de gloss sur ses lèvres. Elle mit le collier de sa grand-mère qui s’accordait avec tout et trouva une paire d’escarpin aux talons raisonnable pour la touche finale. Fin prête, la française prit son sac à main et son manteau et alla taper à la porte de Martin. Sans attendre de réponse elle ouvrit la porte et découvrir son frère en boxer. Incroyable c’était elle la fille et lui n’était pas encore habillé. D’ailleurs sa chambre était décorée de vêtements éparpillés comme si lui aussi choisissait sa tenue. En voyant Rayne entrer Martin attrapa trois cravates et les lui mit sous le nez.

« Alors laquelle ?! »

« Euh…comme ça... la bleue, mais t’es pas encore prêt ! »

Le français ne l’écoutait même plus. Content d’avoir fait un choix pour une cravate il enfila une chemise qu’il ne boutonna pas tout de suite, il mit un jean bleu très foncé et se mit un coup de déodorant sous les bras avant de finalement fermer sa chemise et la rangea dans son pantalon. Finalement il mit sa cravate autour de son cou et se mit lui aussi un dernier coup de brosse. Il attrapa son portefeuille qu’il glissa dans sa poche arrière et qu’il fixa grâce à une chaine au passant de son jean. Puis il s’empara de sa veste et enfin détaille sa petite sœur de la tête aux pieds avec un sourire satisfait sur les lèvres. Martin s’approcha de la brunette et se posta devant elle pour qu’elle lui noue sa cravate. Rayne le fit par réflexe mais fut déçue de ne pas entendre de compliment oral. Une fois le nœud fait elle recula et suivit son frère au rez-de-chaussée alors qu’il desserrait sa cravate pour se donner un air décontracté. Et seulement après avoir dit au revoir à leurs parents ils prirent la voiture et se rendirent au point de rendez-vous. Garés devant le club, on pouvait déjà entendre la musique assourdissante de l’extérieur. Rayne se regarda une derrière fois dans le miroir de courtoisie et s’apprêta à sortir après une grande inspiration.

« Ne t’en fait pas, tu es magnifique. »

L’étudiante fit un grand sourire que Martin lui rendit et ils sortirent du véhicule pour rejoindre les amis de brun. Chacun se salua et Rayne nota avec une certaine satisfaction le regard que lui jeta Colin et enfin le groupe pénétra dans le club. La française se sentait relativement mal à l’aise, elle n’avait pas l’habitude de sortir et encore moins d’être la seule fille d’un groupe de garçon mais en sentant la main de son aîné se glisser dans sa main et la serrer subtilement pour lui donner du courage. Tous se dirigèrent directement sur la piste de danse après avoir déposé leurs affaires au vestiaire. La brunette aimait danser, seule dans sa chambre, là il lui fallu un petit moment pour se détendre et se lâcher. Après deux bonnes heures à suivre les différents déhanchements des hommes qui l’accompagnaient Rayne fit par danser à son propre rythme et à bouger son corps sans peur. Lorsqu’elle voulu faire une pause l’étudiante se rapprocha de son frère qui avait visiblement l’embarras du choix en conquête féminine et lui précisa qu’elle allait au bar.

Pour faire son beau Martin, lui murmura d’y aller doucement et lui demanda ensuite de glousser pour faire jaser les autres filles lorsqu’il lui glissa un billet dans la main pour s’offrir ce qu’elle voulait. Rayne fit plaisir à son aîné et lui fit même un baiser sur la joue provoquant ainsi la jalousie auprès des femelles en chaleur. La brunette se fraya un chemin jusqu’au bar en se demandant qu’elle pauvre fille serait celle qui finirait au toilette avec son frère. Perdue dans ses pensées la française percuta une jeune femme. Elle s’excusa et croisa rapidement le regard de l’homme qui se trouvait apparemment en conversation avec la jeune femme. Pour une raison inconnu cela troubla Rayne qui préféra ne pas s’attarder et s’approcher du bar. La musique était moins forte de ce côté et lorsqu’elle eut attiré l’attention du serveur la brunette n’eut pas besoin de crier pour passer sa commande.

« Un Long Island Ice Tea, s’il vous plait. »

Son verre arriva rapidement et l’étudiante tendit son billet en échange. La paille qu’on avait glissée dans son verre luisait sous la lumière noire et sans attendre elle en prit une gorgée. Elle avait chaud et aussi besoin de reprendre des forces pour continuer à s’agiter. Elle n’avait pas pensé pouvoir s’amuser autant et s’attendait à un contre coup. Elle se voyait bien rester enfermée chez elle les deux jours suivant ou bien cloitrée à la bibliothèque de la fac. De toute façon même comme ça elle sortirait de son esprit les frères Whyte et tous les sentiments qu’ils lui inspiraient. Rayne secoua la tête et aspira une nouvelle gorgée, elle était la pour ne pas pensé à eux et pensait donc au différents moyens de ne pas le faire ce qui en gros revenait au même. Elle était vraiment un cas désespérant. La jeune femme se tourna pour appuyer son dos contre le bar et observer les différentes personnes dans le club, après tout elle n’avait que ça à faire le temps de finir son verre.

La jeune femme avait l'air gênée d'avoir approché Brennan ainsi, si bien qu'à présent, elle semblait avoir perdu l'usage de la voix. Certes, l'hybride pouvait se montrer intimidant mais il ne fallait rien exagérer ! Il était un homme avant tout. Cette femme face à lui était grande, longiligne, brune avec de longs cheveux raides lui arrivant dans le bas du dos ; elle avait de grands yeux verts clairs qui devaient en envouter plus d'un. Mais voilà, il fallait bien plus que ça pour convaincre Brennan. Déjà, pour lui, une femme sans conversation n'avait aucun intérêt alors pour le moment, de ce côté, ce n'était pas gagné.
Il la regardait avec insistance, attendant qu'elle se décide enfin. Et, alors qu'elle ouvrait la bouche - pour parler sans doute - elle se fit bousculer par une autre jeune femme qui ne prit même pas la peine de s'excuser ; du moins, le beau brun ne l'avait pas entendu le faire. Bien que cynique et, on pourrait le dire, sans cœur, Brennan n'en était pas moins poli et ce genre d'attitude désinvolte ne lui plaisait guère.

Pendant un moment, il fixa l'impolie d'un regard noir puis il reporta son attention sur la brune longiligne. Il lui dit à nouveau :

- Vous vouliez quelque chose ?

Elle écarquilla les yeux visiblement surprise de la question. Elle poussa alors un profond soupire, se reprenant et dit enfin :

- Voilà, c'est... c'est pour un pari, j'aurais besoin de votre numéro de téléphone s'il vous plait !

L'hybride était persuadé qu'elle ne disait pas la vérité. Quand bien même ça le serait, il trouvait ça stupide. Il arqua un sourcil avant de répondre sur un ton plus sec :

- Je ne vois pas l'intérêt d'un tel par ! A quoi vous servira mon numéro par la suite ? Vous comptez m'appeler ?

Elle hésita et répondit en balbutiant :

- Et bien, je ... euh ... je ne sais pas ! Peut-être...

- Et pour quoi faire ? Vous arrivez à peine à me parler là !

Au fil de ses paroles, il avait gardé le même air calme et le même ton détaché, troublant visiblement d'autant plus la demoiselle qui prit rapidement sa tête dans ses mains tout en s'éloignant. *Enfin !* pensa Brennan qui commençait à se lasser.

Il regarda alors l'impolie qui buvait tranquillement son verre. Celle-ci l'intriguait mais il n'arrivait pas à savoir pourquoi. Il hésita un moment puis s'approcha d'elle, son verre à la main.

- Permettez que je me joigne à vous ?

Il n'attendit pas de réponse et s'assied sur le tabouret de bar situé aux côtés de la demoiselle. Il but une gorgée de sa boisson avant de dire :

- Bousculer les jeunes femmes timides est dans vos habitudes ?!

Son ton tenait plus de l'humour que du reproche mais il se pouvait tout de même que sa remarque ne soit pas appréciée. Cela lui importait peu au fond ! Si la jeune femme refusait sa présence et bien soit, il repartirait à sa place d'origine pour continuer de siroter sa Tequila Sunrise simplement et sans demander quoi que ce soit à qui que ce soit ! Après tout, n'était-il pas venu ici pour passer une soirée « tranquille » ?!

Rayne avait perdu son regard dans la foule, touillant son cocktail avec sa paille lumineuse. Il fallait bien faire remonter le coca au fond pour éviter qu’à la fin il ne lui reste que les cinq alcools qu’il contenait. La fraicheur des glaçons traversait le verre et lui procurait une sensation à la fois douce et douloureuse au creux de la main. La chaleur ambiante ferait aurait vite fait de mettre sa boisson a température ambiante, aussi la jeune femme en profita pour se rafraichir le corps avant de boire. Elle porta le verre à sa bouche lorsqu’une voix interrompit son geste. La française se stoppa et regarda sur le côté n’étant pas sur qu’on s’adressait à elle.

Il s’agissait de l’homme qui conversait un peu plus tôt avec la femme que Rayne avait bousculé. D’abord elle eut un mouvement de tête pour voir s’il y a avait une personne près d’elle susceptible d’être le véritable récepteur mais il semblait bien que ce soit elle qui était visée. Cela l’étonna, après le regard noir qu’il lui avait jeté précédemment, l’étudiante ne voyait pas trop pourquoi il voulait se mettre précisément à ses côtés, se joindre à elle quand il y avait facilement une douzaine de filles trainant près du bar et bien plus jolies qu’elle. Sans même attendre que la brunette réponde l’homme s’installa.

Dans la lumière tamisée et plutôt sombre de l’endroit Rayne ne voyait pas les détails de son visage mais elle pouvait deviner que c’était un homme avec beaucoup de charme, propre sur lui et avec un air un peu sévère. Il était bien habillé et avec un cocktail orange et rouge dans les mains. Une nouvelle fois il la surprise avec une question ambiguë. Elle ne savait pas s’il plaisantait vraiment dans une manœuvre pour ouvrir la conversation ou s’i lui reprochait d’avoir percuté la jeune femme. En même temps dans un lieu aussi bondé c’était plutôt de ne rentrer en collision avec personne qui tenait de l’étrange que l’inverse. Rougissante elle lui répondit d’une petite voix.

« Non pas vraiment, mais je suis de nature assez maladroite… »

Enfin elle porta sa paille à sa bouche pour prendre une gorgée salvatrice. Cet homme l’a mettait dans tous ses états, elle ne pouvait pas savoir ce qu’il attendait d’elle. D’abord il se montrait froid presque méchant, puis il lui lançait une petite pique. Il dégageait un quelque chose de dangereux mais très envoutant. De toute façon il ne fallait pas qu’elle se fasse d’idée, ne serait-ce que pour un flirt, elle devait lui paraître puérile et un peu stupide. N’avait-elle pas bousculé quelqu’un et ensuite affirmé bêtement qu’elle était maladroite. Et puis de toute façon c’était insensé d’imaginer de telles choses.

Sans savoir pourquoi un mouvement attira l’attention de Rayne. De loin dans sa vision périphérique elle put distinguer une silhouette bien familière, celle de Colin. Il semblait se diriger vers le bar, pourquoi fallait-il qu’il y aille alors qu’il savait pertinemment que la française s’y était rendu, n’avait-il pas comprit qu’elle ne souhaitait pas se retrouver seule face à lui. D’accord elle avait jubilé en voyant son regard envieux lorsqu’elle était sortie de la voiture mais elle n’en oubliait pas pour autant comment il l’avait traité presque un an auparavant. Soudain d’une impulsion elle se décolla du bar et se positionna entre les jambes du brun. Doucement elle glissa une main le long de sa cuisse et se pencha pour lui murmurer à l’oreille.

« S’il vous plait. »

Puis elle tenta de lui désigner Colin de la tête et à peine une minute après celui-ci se tenait près d’eux et attendait de pouvoir prendre sa commande. Un éclair de jalousie illumina son regard dans le même temps qu’il faisait remarquer oralement qu’il connaissait Rayne. Cette dernière lui fit un sourire tout en espérant que l’inconnu entre dans son jeu.

A la réponse de la jeune femme, Brennan sourit. Un sourire léger, en coin, comme il savait si bien les faire. Un sourire franc et large sur son visage ? Ça ne s'était pas vu depuis des années alors pourquoi maintenant ? Et surtout ... pourquoi avec une parfaite inconnue ?
De la maladresse ! Ça alors, quelle surprise ! Mais après tout, quelle femme n'était pas maladroite ? Et si ce n'était pas dans les gestes, bien souvent, c'était dans la parole... Mais bien sûr, il ne relèverait pas sur ce point. C'est pourquoi il se contenta d'un simple :

- Oui, je vois !

Le visage de la demoiselle avait l'air crispé bien qu'elle tentait de montrer le contraire. C'était comme si tout un tas de pensées se bousculaient en elle. Et pourtant, lorsque Brennan essayait de savoir ce qu'elle avait l'intention de faire, rien ne se passait. Soit son pouvoir n'agissait pas sur elle soit elle n'envisageait ... rien ?
Elle tenta de prendre un air détaché, plaçant lentement et presque sensuellement sa paille dans sa bouche. Brain voulu en profiter pour détendre l'atmosphère. Visiblement, elle n'avait pas l'intention de le renvoyer à sa place ; et pas besoin d'un pouvoir quelconque pour deviner ça alors ... Autant en profiter !
Il leva son verre dans la direction de la jeune femme et dit alors :

- Et si nous trinquions ?

Il attendait bien sûr une réponse de sa part ou au moins une réaction à ce geste. Au lieu de ça, la demoiselle se figea sur quelque chose se trouvant derrière l'hybride. Par pudeur, il ne se tourna pas même si ce n'était pas l'envie qui manquait mais heureusement, Brain n'était pas assez curieux pour ça ; en tout cas, pas assez pour mettre mal à l'aise les gens se trouvant en sa présence.
Il attendit un peu, patiemment, se disant que, peut-être, la jeune femme reviendrait à elle sous peu. Et il n'eut pas à attendre bien longtemps mais ... étrangement, il avait l'impression que ce n'était plus la même face à lui ! En effet, la demoiselle jusque là si sage vint se placer entre ses jambes, comme s'il avait passé la soirée à la draguer. Or, ce n'était pas du tout son intention première. Celle-ci lui paraissait trop jeune au premier abord bien qu'il ait du mal à être physionomiste à ce point.
Il plaça sa main sur la taille de la jeune femme dans le but de la repousser doucement mais c'est à ce moment qu'elle le supplia à l'oreille, lui faisant un signe de tête. Brennan pu alors voir un jeune homme approcher et c'était sans doute lui que la jeunette cherchait à rendre jaloux. L'hybride hésita... Ce n'était pas dans ses habitudes de jouer ce genre de petit jeu mais ... Après tout ! Ça pourrait être marrant ! Et la demoiselle était plutôt charmante.

Faisant comme s'il n'avait pas vu le jeune homme approcher, Brennan posa mieux sa main sur la hanche de sa compagne et pencha sa tête vers son cou. Être si prêt de sa jugulaire n'était pas réellement une bonne chose mais bon, il fallait jouer le jeu et il n'était pas encore affamé... Le temps pour lui de calmer le vampire en lui ! Il fit semblant de déposer un baiser dans son cou alors qu'il lui murmurait :

- Je ne connais même pas votre nom !

Il attendit que la demoiselle réponde mais ce fut en fait le futur jaloux qui répondit, s'approchant en fanfaronnant :

- Oh Rayne, ma puce ! Je ne t'avais pas vu quitter la piste de danse !

"Ma puce" ?! Soit ils étaient ensemble et celle qui visiblement s'appelait Rayne avait des pratiques étranges. Soit ce gringalet voulait faire croire à Brennan qu'il empiétait sur un espace de chasse gardée... Dans les deux cas, l'hybride n'était en rien impressionné par un petit humain de pacotille à peine sortit de la puberté !
Son sourire machiavélique accroché aux lèvres, il plongea son regard d'acier dans celui du jeune homme et annonça d'une voix dure :

- C'est qui ce minable chérie ?

Pour entrer dans le jeu, il y entrait et pleinement même ! A savoir jusqu'où iraient les choses ... C'était une autre histoire !

Rayne sentit un étrange soulagement l’envahie lorsque l’homme qui l’avait abordé posa une main possessive sur sa hanche. Maintenant qu’elle se trouvait près de lui, elle trouva son odeur entêtante et presque envoutante. La française pu également sentir une chaleur qui lui était vaguement familière, il dégageait un quelque chose qui lui rappela Sam. L’étudiante chassa rapidement cette pensée pour se concentrer sur l’instant présent. Elle se trouvait dans les bras d’un parfait inconnu et tentant de rendre son ex petit-ami jaloux. Bien sur elle était contente que l’homme réponde à sa demande d’aide désespérée. En même temps c’était lui qui l’avait abordé, il pouvait bien faire ça, et puis malgré son air un peu sévère il était plutôt bel homme.

Rayne remarqua au passage que les hommes qui lui faisaient de l’effet n’avaient souvent rien de commun entre eux. Il n’y avait qu’à regarder les frères Whyte, déjà physiquement il n’y avait pas grand-chose de commun, mais quand on regardait le reste, seul le nom de famille indiquait un quelconque lien entre les deux hommes. Pour le cas présent c’était un peu la même chose. D’un côté Colin, qui était de taille normal, châtain clair et de magnifiques yeux verts ainsi qu’une personnalité égoïste et lâche. De l’autre cet inconnu, brun et au corps à l’apparence plus frêle, des yeux noirs de jais et une aura d’homme mûr et expérimenté.

La française sentit le souffle chaud du brun sur la peau de son coup, la sensation lui envoya un frisson de plaisir jusque dans les reins mais avant qu’elle ne puisse lui répondre Colin s’en chargea avec une voix à moitié jalouse à moitié ennuyer. De quel droit l’appelait-il ‘sa puce’, il se permettait cela parce que Martin n’était pas à porter d’oreille mais qu’il ne se fasse pas d’illusion, pour une fois Rayne serait une pipelette et irait gentiment répéter cette phrase à son grand frère. Et puis comme s’il n’était pas venu exprès au bar parce qu’elle s’y trouvait. Un sourire moqueur remplaça l’agacement de la brunette lorsque son inconnu répondit avec un mot tendre pour sa part mais une voix glacial qui montrait clairement que la présence de Colin l’ennuyait. Jamais elle ne le remercierait assez pour cela.

« Personne. »

Répondit-elle en français en se tournant légèrement vers le jeune homme. Elle savait qu’il comprendrait puisqu’il parlait suffisamment la langue pour être blessé par ce simple mot. En ce qui concernait son inconnu, soit il connaissait un peu le français soit il comprendrait qu’elle parlait au moins deux langues. Colin resta un moment figea par cette réaction, il ne connaissait pas cette partie de l’étudiante, elle non plus mais ce n’était pas le sujet. Rayne remarqua la mâchoire crispée de l’ami de son frère et profita de cet instant pour se coller un peu plus au corps de son inconnu, passant un bras autour de son coup et lui léchant le cou de façon très provocante. Frustré et visiblement en colère Colin tourna les talons sans même prendre son verre et l’éloigna du bar. Seulement lorsqu’il ne fut plus dans son champ de vision, la française se dégagea de l’étreinte sensuelle dans laquelle elle s’était engagé et se rassit au bar rouge comme une tomate. Elle ne se savait pas aussi téméraire et encore moins aguichante.

« Je suis vraiment désolée, j’aurai dû me débrouiller toute seule. »

Fit Rayne très rapidement, cachant presque son visage derrière ses mains tant elle voulait cacher son embarras. Si jamais Martin apprenait ça elle aurait probablement droit à un savon mais en même temps rien que pour le regard et l’air de chien battu qu’avait eut Colin pendant une minute elle n’était pas mécontente de sa prestation.

Brain était un homme qui avait déjà vécu beaucoup de choses au cours de sa vie mais il s'était souvent arrangé pour ne pas être dans des situations trop cocasses. Il arrive pourtant qu'on ne contrôle pas le cours des choses et c'était précisément ce qui était en train d'arriver. Ce soir-là, cette journée-là même, tout semblait partir à volo. Pourquoi s'était-il lancé dans cette histoire de pseudo-drague ?
Le gringalet n'avait pas l'air très content à l'idée de voir ladite Rayne dans les bras de l'hybride. Cette dernière lui répondit d'ailleurs dans un dialecte qui le surprit. Ayant étudié le français au cours de ses études, il comprit ses paroles. Il était clair que cela ne plairait pas au jeunot ! D'autant plus que la demoiselle se colla encore davantage à Brennan, le couvrant de ses bras. Lentement mais sûrement, l'hybride alla déposer un baiser sur la joue de la frêle demoiselle qui en profita pour lui lécher le cou.
Elle jouait avec le feu, c'était mauvais !
S'amuser oui mais à quel prix ?
Le cou était un endroit des plus sensibles pour Brennan. Certes, c'était sensible chez beaucoup d'hommes mais pour lui, c'était différent. Ce n'était pas la même sensation qui passait en lui. Un mélange de faim et d'excitation animait notre vampire lorsqu'on s'approchait un peu trop près de son cou...
Visiblement servi côté jalousie, le jeune homme retourna du côté de la piste de danse. En bon homme qu'il était, il était à peu près certain qu'il allait tenter de draguer une midinette dans le but de rendre, à son tour, Rayne jalouse. Mais cela était le comportement stupide et puéril des jeunes de son âge...

Cela dit, son départ eut pour effet de voir la demoiselle s'écarter de notre hybride qui ne la retint pas. Il la regarda rougir et eut un petit rire intérieur. C’était à la fois flatteur et dérangeant. Flatteur car faire un tel effet à une demoiselle qui était beaucoup plus jeune que lui n’arrivait pas tous les jours et dérangeant car il n’avait pas cherché à la mettre mal à l’aise. Mais après tout, c’était bien elle qui était venue se coller à lui. Il se permit alors une petite remarque ironique :

- Heureusement que vous savez contenir vos rougeurs quand cela s’impose !

Il ponctua sa phrase d’un léger sourire et la demoiselle annonça alors qu’elle aurait dû se débrouiller seule. Il posa alors lentement sa main sur la sienne et lui dit d’une voix calme et posée, presque envoutante :

- Je suis ravi d’avoir pu vous rendre service.

Et il était sincère en plus. Pas qu’il soit habitué à mentir mais rendre service n’était pas franchement dans ses habitudes, surtout après une journée comme celle-là. Mais voilà, cette jeune femme avait réussi à lui faire oublier ses tracas l’espace d’un instant et pour ça, il lui en était reconnaissant. Il se rendait compte par la même occasion que certaines personnes se faisaient toute une histoire pour des petits problèmes sans importance. Ca l’amusait beaucoup !
Il voyait le verre de Rayne, tout comme le sien, se vider à grande vitesse. Il proposa alors :

- Permettez que je vous paye un verre ?

Non, il ne poursuivait pas une sorte de drague mais il voulait simplement passer une bonne soirée et s’il pouvait être accompagné alors autant en profiter. Il ajouta rapidement, tout en tendant la main vers elle :

- Brennan Offman.

Au moins, ils auraient des vraies présentations ! Autre chose que ce que ce petit merdeux avait proposé…

Rayne qui s’attendait à une simple réponse fut assez surprise de voir son inconnu faire de nouveau preuve d’un contact physique sur sa personne, cette fois il n’y avait personne pour regarder. Elle n’allait pas non plus s’en plaindre car c’était plutôt flatteur pour son ego, elle qui se trouvait affreuse. Si la française n’avait pas déjà eut les rouge passablement rouge la teinte se serait surement accentuée lorsqu’il déclara avoir apprécié lui rendre service. C’était une première pour l’étudiante, de un parce qu’elle demandait rarement de l’air et donc de deux elle ne comprenait pas toujours qu’on accepte avec plaisir de lui filer un coup de main. Quoi qu’il en soit elle lui répondit par un sourire et ne bougea pas non plus sa main.

Apres un court moment de silence, l’inconnu se proposa de lui offrir à boire. La jeune femme ne savait pas trop si elle devait dire oui ou non. Elle ne tenait pas spécialement bien l’alcool et c’était ce genre de chose qui avait fait qu’elle et Colin ne s’entendait plus, en plus de sa crétinerie à lui. En même temps dire oui pourrait paraître impolie, si elle choisissait une boisson légère en alcool cela devrait aller et puis même s’il pensait qu’elle était un peu gamine sur les bords Rayne ne pouvait pas nier, cet homme devait avoir facilement dix ans de plus qu’elle. Rayne devait mettre un peu de temps à répondre car le brun enchaina avec une main cette fois tendue et se présenta. Au moins maintenant elle savait son nom. La brunette tendit la sienne et répondit à la question implicite.

« Rayne Davis, et j’accepterais volontiers un verre après toute ses émotions. »

Ce n’était pas faux et cela avait commencé avant même l’incident Colin. D’abord le fait que Martin la force à venir au dernier moment, la prise de tête pour choisir une tenue, Colin et pour finir ce Brennan qui lui faisait un effet certain. Certes il était beau mais ce n’était pas tout, la française se sentait e sa présence comme en celle de Sam ou encore ce jeune homme avec qui elle avait patienté à l’arrêt de bus. La brunette se sentait comme aimanter, attirer dans une toile et l’effet était loin d’être désagréable sans pour autant être des plus plaisants. C’était le mélange des deux qui lui faisait un peu tourner la tête. Oui boire un coup ne pourrait lui faire que du bien. La français se rassit plus convenablement sur le tabouret et vérifia que sa jupe ne remontait pas trop haut. Elle avait beau avoir joué l’aguicheuse pendant cinq minutes ce n’était normalement pas son style. Se trouver là n’était pas son style en même temps.

« En tout cas merci, sans vous je n’aurai probablement pas pu me débarrasser de Colin. »

Connaissant le jeune homme il serait encore là à essayer de se faire passer pour un gentil ou bien comme d’autre fois déjà il tenterait de la convaincre qu’ils pouvaient très bien coucher ensemble juste pour s’amuser. Rayne savait parfaitement qu’elle devrait parler à Martin de ce genre de comportement mais elle savait que son frère pourrait très vite s’enflammer et en venir aux mains et ce n’était pas son souhait. Il faudrait juste qu’il puisse dire à son ami de se tenir à l’écart. Le serveur approcha en voyant deux personnes accoudées au bar et avec des verres vides. L’étudiante attendit que le brun passe sa commande avant de prendre un Monaco pour sa part. elle offrit un sourire de remerciement à Brennan lorsque leurs boissons furent servies.

Les présentations étaient à présent closes. Cette soirée aurait ainsi moins l'air informelle. Au moins, ils pourraient se parler en sachant quelque chose sur l'autre. Car non, Brennan n'avait pas vraiment dans l'idée de se dévoiler davantage. Il était loin d'être dans ses habitudes de parler de lui et encore moins à une parfaite inconnue, aussi charmante puisse-t-elle être.
Ladite Rayne accepta le verre proposé par Brain qui attendit que le serveur se présente pour pouvoir enfin passer commande. Mais voilà, plus la soirée avançait et plus le club se remplissait. Les serveurs commençaient à être débordés, interpellés de partout et surtout par ceux qui voulaient passer avant les autres. A croire que même en soirée, les gens sont pressés ! Ne peuvent-ils pas prendre un peu leur temps, profiter ? C'était sans doute trop demander à des petits humains sans intérêt.
Rayne eut donc le temps de relancer la conversation en attendant que le serveur ne daigne se présenter devant eux. Un petit sourire en coin, il répondit à la jeune femme :

- Et pourquoi n'auriez-vous donc pas pu ?

Il attendit un instant mais ne laissa pas la demoiselle répondre, il enchaina :

- Il ne m'a pas l'air bien malin ! Vous auriez pu lui faire avaler n'importe quoi. En plus, vous lui plaisez, vous auriez pu lui demander le bon dieu sans confession qu'il vous l'aurait donné...

Enfin, Brain disait cela mais il n'en était pas réellement certain. Il n'avait as usé de son pouvoir sur le jeune homme. Premièrement parce qu'il n'en avait pas vu l'intérêt et deuxièmement parce qu'il y avait beaucoup de monde autour de lui, il n'était pas certain de deviner les envies de la bonne personne. Car oui, même si Brennan maitrisait ce pouvoir, ce dernier avait tout de même des limites ; et savoir différencier quel désir est à qui dans une foule nombreuse en faisait partie.

Le serveur vint enfin, demandant les boissons voulues. Brennan recommanda la même chose alors que la demoiselle prit un Monaco. Peu d'alcool là dedans ! Avait-elle peur de faire une bêtise si par malheur son taux d'alcoolémie était trop élevé ?! C'était ironique comme situation car Brennan ne se gênait pas pour prendre un cocktail qui pouvait aisément vous faire tourner la tête. Mais voilà, de par sa -ou ses ?!- nature, il ne craignait pas les effets de l'alcool ; du moins, pas avant un très long moment... C'était d'ailleurs un peu blasant parfois !

Alors que le serveur revenait avec les verres pleins, Brennan le remercia et constata le sourire sur le visage de la jeune femme. Bien qu'il ne soit pas dans ses habitudes d'être aimable, il lui sourit en retour.
Notre hybride aurait bien voulu entamer la conversation sur un sujet bateau comme "que faites-vous dans la vie ?" mais il était à peu près certain qu'il aurait la même question en retour ou alors le traditionnel "et vous ?" et c'était là une chose dont il n'avait pas envie de parler. Surtout après les soucis de la journée... Il se tut donc sur ce sujet et leva son verre dans la direction de la demoiselle annonçant :

- Trinquons à notre manipulation malveillante !

Il ponctua sa phrase d'un clin d'œil, faisant bien sûr référence au petit tour qu'ils venaient de jouer à l'ami de la jeune femme.

Rayne constata avec une certaine satisfaction que Brennan lui rendait son sourire, c’était sympathique qu’il reste un peu avec elle maintenant que le petit épisode Colin était achevé. Il n’était pas obliger de le faire et il devait y avoir mieux dans la vie que de trainer avec une petite étudiante. La française ne lui avait pas demandé son âge mais il devait approcher de la trentaine, de fait une gamine comme elle ne devait pas l’intéresser plus que ça. Ce qui rendait donc sa présence d’autant plus agréable. Le brun leva son verre et proposa un toast, Rayne entrechoqua le siens avec celui de son interlocuteur et rigola doucement.

« C’est bien la première fois que je fais quelque chose de mal et qu’on me félicite pour ! »

Avec cette phrase la brunette verrait bien comment réagirait le brun. Il fallait bien que petit à petit il découvre que la véritable Rayne n’avait rien à voir avec la femme fatale qui s’était pendue à son cou pour rendre un autre homme jaloux. Déjà parce qu’elle n’avait pas assez de prétendant et trop de râteaux à son actif pour mériter ce surnom et ensuite parce que tout simplement ce n’était pas elle. Etre ici, habillé comme une vraie fille, boire un verre en draguant un inconnu. La française était là et pourtant elle avait du mal à y croire. C’était peut-être l’ambiance, le fait qu’il fasse un peu noir dans un lieu si exigüe, ou de trop se laisser emporter par l’aura de Martin qui influait sur son comportement.

Rayne prit une gorgée de sa boisson qui lui fit le plus grand bien, mine de rien la température à l’intérieur du club était assez élevé et avoir dansé et ensuite avec son accélération cardiaque sa propre température corporelle avait au moins du prendre deux degrés, comme si elle avait couru un marathon. La jeune femme prit une deuxième gorgée et se décida à faire un peu plus la conversation puisque visiblement Brennan n’avait pas l’air de la fuir et qu’elle ne comptait plus vraiment retourner danser, de peur de se faire agresser par Colin dès son retour sur la piste. En même temps elle ne pouvait pas partir sans son frère alors autant en profiter pour faire plus ample connaissance avec son sauveur.

« Alors est-ce que vous parlez français ? »

Rayne était intriguée par un détail aussi simple pour la bonne raison qu’il n’avait pas relevé ce qu’elle avait dit à l’ami de Martin. De fait elle supposait qu’il avait dû en comprendre le sens, après cela ne voulait pas dire qu’il était bilingue mais qu’il avait quelque connaissance. Mais cette information l’intéressait, depuis son emménagement en Angleterre, la française n’avait rencontré que très peu de personne qui parlait sa langue et même si chez elle on conversait aussi bien en anglais que dans la langue d’Hugo cela lui manquait de ne pas le faire avec d’autre gens. Un petit plaisir de la vie qui lui rappelait son enfance.

Brain fut un peu surpris par la phrase de la demoiselle. En fait, il ne savait pas trop dans quel sens il devait prendre celle-ci. N'avait-elle jamais rien fait qu'on puisse qualifier de mal ? Ou alors avait-elle déjà fait quelque chose de mauvais mais en se faisant remettre en place ensuite ? Après, pour être tout à fait honnête avec lui-même, Brennan ne voyait pas en quoi ce qui venait de se passer était mal. Remettre à sa place un petit prétentieux qui croit une femme acquise n'est en rien mal ! Au contraire, ça serait bénéfique... Surtout pour le jeune homme.
Tuer quelqu'un.
Voilà quelque chose de mal et Brain doutait fort que la demoiselle ait déjà fait telle chose. Lui pourtant... Diable ! Mieux valait qu'elle ne sache pas. Pour qui passerait-il alors ? Enfin, si elle savait cela, ça impliquait qu'elle sache pour sa nature profonde, ce qui n'était pas prêt d'arriver. Du moins normalement !
Il le voyait dans les yeux de la demoiselle, elle attendait une réponse à ses derniers mots. Brennan posa donc son verre qu'il avait en main et la regarda droit dans les yeux, lui demandant le plus honnêtement du monde :

- Vous pensez réellement avoir fait quelque chose de mal ?

Son ton avait été clair et détaché. Ce n'était pas le ton du tueur sanguinaire ou de la bête affamée qui cherche à blesser le petit mouton égaré. Non, il n'avait pas faim, Rayne avait toute les chances de rester en vie cette nuit et sans doute même bien plus longtemps tant il était intrigué par le fait de ne pouvoir ressentir les désirs de la jeune femme. Il ne comptait pas non plus l'étudier comme un rat de laboratoire mais il voulait en savoir plus sur elle, c'était un de ses désirs, à lui... Un désir qu'il ressentait au plus profond de lui et qu'il voulait voir se réaliser vraiment.

Sans même s'en rendre compte, il était resté fixé sur la demoiselle mais heureusement, elle ne sembla pas s'en rendre compte puisqu'elle était occupée à boire son Monaco coup sur coup. Avait-elle si soif ou était-ce pour échapper à une sorte de gène ? Peu importait ! Brain en avait assez de toujours se poser des questions sans grande importance... Surtout lorsqu'il était censé se détendre ! Car oui, il ne devait pas l'oublier ; la chose première qui l'avait fait entrer ici était la détente après cette journée pour ainsi dire ... "merdique".

Chose à laquelle il ne s'attendait pas, Rayne sembla vouloir faire la conversation. Heureusement pour lui, elle ne posa pour le moment pas de question en rapport direct avec son travail mais hélas, le rapport était indirect puisque c'était pour son travail qu'il avait appris le français... Il se put s'en empêcher et poussa un léger soupire. Il espérait que cela ne se remarque pas trop car il ne voulait pas que la brunette ait l'impression de l'ennuyer. Reprenant un léger sourire, il répondit dans un français à l'accent so british :

- Un petit peu !

Il doutait très sincèrement que la jeune femme ne s'arrête là et ne pose d'autres questions. Cela dit, ce ne serait certainement pas lui, de lui-même, qui se lancerait dans l'explication du pourquoi il parlait français. Si elle voulait le savoir, elle demanderait, avec le risque d'énerver Brennan sinon ... tant pis ! Elle ne devrait qu'imaginer. Après, si elle a remarqué le soupire de Brain, peut-être comprendra-t-elle qu'il ne faut pas trop poser de questions mais rien n'est moins sûr...

Rayne eut envie de rire en entendant la réponse de Brennan. Probablement parce qu’elle était typique des gens qui ne parlait pas couramment la langue mais essayait de le faire croire en espérant que la personne d’en face ne le parle pas beaucoup mieux. Car c’est bien connu deux personnes qui apprennent la même langue se comprennent mieux qu’un natif et un apprenti ou même dans le pire des cas un anglais et un américain. Mais en tout cas son accent était assez craquant. La brunette pour sa part n’en possédait dans aucune des deux langues puisqu’elle parlait les deux depuis sa prime enfance.

Elle se rappelait la tête de ses amis lorsqu’elle était enfant avant d’entrée au lycée international. Elle leur parlait un français aussi parfait qu’une petite fille de 5 ans puisse parler et ensuite répondait tout aussi aisément à son père en anglais. Mais à l’entré au primaire elle avait toujours été entourée de gens qui comme elle parlait plus d’une langue et parfois même plus que deux. Pour en revenir à Brennan la française avait légèrement envie de l’asticoté un peu en français pour savoir jusqu'à quel point il le parlait. Mais peut-être ne serait-il pas d’humeur à suivre une conversation dans une langue étrangère. Pourtant si Rayne avait bien un plaisir c’était être entourer de gens et parler un langage qu’ils ne pouvaient pas comprendre.

« Alors si je ne vous parle qu’en français vous comprenez ? »

Fit-elle avec une étincelle de curiosité dans le regard et dans un français parfait, logique puisque la nationalité était inscrite sur sa carte d’identité. Elle reprit une gorgée de son cocktail. L’étudiante se sentait de plus en plus à l’aise en présence du brun, peut-être parce qu’il lui rappelait vaguement Sam. Il y avait quelque chose en cet homme de rassurant et d’effrayant à la fois, comme s’il pouvait exploser à tout moment. Peut-être était-il simplement sous le poids d’une longue journée ou bien d’une adolescente un peu trop lourde.

« Si je vous embêtes vous pouvez le dire… »

Reprit Rayne dans la langue de Shakespeare avec soudain un regard un peu triste. Finalement si sa discussion s’arrêtait là, parader devant Colin serait nettement moins facile et elle n’avait plus vraiment envie de danser, malheureusement elle doutait que Martin s’en aille si rapidement s’il était en charmante compagnie. C’était comme essayer de faire manger des croquettes à une tortue. La française fini son verre et le reposa sur le comptoir d’où le serveur s’empressa de le retirer pour le mettre dans l’immense bac à vaisselle du bar. Il n’était pas lent pour tout celui là pensa la jeune femme avec un peu d’agacement. Il lui restait encore un peu d’argent pour reprendre quelque chose mais la brune ne tenait pas à vivre ivre morte sur le trottoir à prendre un bain dans le caniveau. Elle ne tenait pas bien l’alcool et son Ling Island était suffisamment charger comme ça. Avec le regard planté sur son interlocuteur elle attendit de voir si elle dérangeait vraiment ce dernier.

La jeune femme répondit à Brennan en français et sans accent de surcroit. Cela le troubla un peu car rares étaient les anglais à parler de la sorte. Cela le fit donc douter sur la véritable nationalité de la demoiselle. Avant de répondre, il but une nouvelle gorgée de son cocktail. Bientôt, son verre serait vide et il en reprendrait sans doute un. Il aimerait au moins en ressentir un petit effet mais il savait que cela ne risquait pas d'arriver.
Lorsqu'enfin il put répondre, il hésita quant à la langue à employer. Mais tout de même plus à l'aie dans sa langue natale, il choisit donc l'anglais. Pourtant, il savait que son accent pouvait séduire mais ce n'était pas son but ce soir-là. Il rétorqua donc :

- Oui ! Il y a peut-être quelques subtilités que j'aurais du mal à saisir mais je comprends.

La jeune femme fut visiblement à la fois ravie et déçue. Sans doute ravie qu'il comprenne le français mais déçue qu'il ne l'emploie pas. En tout cas, heureusement pour elle que les clients du jour n'étaient pas français car Brain aurait très vite pu perdre patience mais là, ce n'était pas le cas. Il semblerait en effet que la jeune femme ne soit pas aussi curieuse qu'il n'y paraisse. Par contre, elle dû remarquer un des soupirs de l'hybride car elle demanda si elle l'ennuyait. Elle avait d'ailleurs repris la langue du pays pour prononcer ces mots, de peur que Brennan ne prenne mal ses discours en français peut-être ? Brennan quant à lui, revêtit une nouvelle fois son accent british pour répondre dans la langue de Molière :

- Non, ne t'inquiètes pas. Je te le ferais savoir sinon.

Et ça, c'était bien vrai ! En général, une personne qui ennuie Brain le sait très rapidement. Quant au tutoiement employé, il n'avait rien de familier mais cette différenciation n'était pas présente en anglais et il n'est pas toujours facile de s'adapter.
Il vit alors Rayne vider son verre. Il constata d'ailleurs qu'elle buvait bien plus vite que lui puisqu'il lui restait à peu près un quart de sa boisson. Il demanda alors, toujours en français :

- Tu reveux quelque chose ?

Se basant sur son propre ressentit, Brennan avait parfois du mal à se rendre compte des effets de l'alcool sur les simples humains. C'est pourquoi il n'hésitait jamais à reproposer un verre.

Le regard que la jeune femme avait sur lui troublait Brennan. Elle le fixait avec une intensité déconcertante. Il ne dit rien cependant, attendant qu'elle tourne le regarde ; lui ne lâcherait pas. Cela dit, il se rappela de l'époque où il n'était qu'humain – ou presque – et que ans ce genre de soirée, manger aidait parfois à dissiper les effets des cocktails alcoolisés. Il proposa alors dans son anglais natal, un léger sourire aux lèvres :

- Peut-être voulez-vous manger un petit quelque chose ?

Non, il ne l'invitait pas dans un restaurant. Il pensait que même si ce lieu était un club, ils devaient bien avoir de quoi manger. Du moins il l'espérait sinon, cela passerait sans doute pour une invitation un peu prématurée.

Rayne fut soulagée d’entendre que Brennan n’en avait pas encore marre d’elle. Elle ne savait pas si la conversation allait continuer ou non mais c’étai déjà ça de gagné. Elle était aussi bizarrement flattée qu’il réponde en français. Avait-il comprit qu’il s’agissait de sa double nationalité ou trouvai-il simplement ça sympathique. La brunette n’aurait probablement jamais l a réponse et pouvait donc s’imaginer ce qu’elle voulait et qui lui faisait plaisir. L’étudiante nota aussi l’utilisation du tutoiement mais ne s’en formalisa pas, elle savait que les étranger avait du mal à aire la différence entre la marque de respect du ‘vous’ et la familiarité du ‘tu’, surtout les anglophones.

Le brun remarqua que son verre était vide et lui proposa de prendre autre chose. Rayne aurait accepté si elle était une plus grande buveuse, mais son précédent cocktail avait déjà été bien charger en alcool malheureusement son organisme n’était pas habituer à ingurgité cette substance régulièrement. Les conséquences d’être une introvertie sans aucun doute. Ne lâchant donc toujours pas le regard de son interlocuteur la française fit un petit sourire et répondit.

« Non merci ça ira. »

L’étudiante préféra refuser de s’alcooliser plus avant car elle ne savait pas ce que donnerai le résultat de son ivresse puisqu’elle n’avait jamais été saoule. En revanche lorsque Brain proposa un petit quelque chose à manger, elle put presque sentir son estomac lui crier dessus. Le club ne servait surement pas de steak saignant ou ce genre de chose mais il devait avoir des natchos ou bien quelques pomme frite. La brunette fit mine de réfléchir puis avec entrain elle enchaina.

« Ca par contre ce n’est pas de refus. »

La jeune femme fit un signe au serveur qui afficha une grimace en voyant qui il devait servir. C’était toujours agréable. Puis Rayne porta la main à la poche de sa jupe pour récupérer les billets que lui avait donné Martin. Bien sur comme toutes les femmes un minimum romantiques, la française aimait qu’on lui paie les choses, sans exagération mais elle ne s’attendait pas non plus à ce que Brennan lui offre quoi que soit. Il lui avait proposé de prendre quelque chose à manger, pas qu’il l’invitait.

En parlant de son frère, Rayne jeta un rapide coup d’œil vers la partie boite de nuit de l’endroit pour voir si elle l’apercevait ou pire si Collin était toujours dans les parages. Ne voyant rien elle reporta son attention sur le serveur qui avait finalement décidé de prendre sa commande. La brune prit le temps de réfléchir une minute à ce qu’elle voulait et qui ne lui coûterait pas plus que ce qu’elle possédait en main. Connaissant la générosité tout de même limitée de Martin, la française savait que ce dernier pouvait lui réclamer la monnaie.

« Je vais prendre une assiette de natchos s’il vos plait. »

Fit-elle avec un sourire polie à l’encontre du serveur afin d’obtenir un minimum ses faveurs. Sait-on jamais il pouvait cracher dedans. Bo, compte tenu de la classe et la réputation de l’établissement ce serait plus que douteux comme façon d’agir mais on n’était jamais trop prudent avec ce genre de chose.