Lost in London [pv rayne]

Ce matin-là Rayne fut réveillée par l’entrée en trombe dans sa chambre de Martin qui cherchait les clés de la voiture. Il retourna tout son bureau et vint ensuite la secouer pour savoir où elle les avait posé la veille. Encore embué par le sommeil, l’étudiante ouvrit un œil puis deux et dévisagea son frère aîné. D’accord Ethan lui manquait mais au moins lui ne faisait plus ce genre de chose. En effet les garçons avaient toujours eut une facilité déconcertante à venir la sortir de sa nuit pour des raisons stupides, une sorte de talent familiale. La jeune femme répondit qu’elle ne savait plus et que même si c’était le cas, il était prévu qu’elle ait la voiture ce jour là pour pouvoir retrouvé ses amies du côté de la cathédrale. Martin voulu la contredire mais lorsque sa petite sœur lui ressortie ses mots exacts dis pas plus tard que la veille au soir il ne put que s’incliner non sans la forcé en conséquence à lui servir de chauffeur. Rayne avait donc précisément 10 minutes 32 secondes et 54 centièmes pour être prête à partir.

La jeune femme se leva en se frottant les yeux et demanda donc à Martin de lui faire un café bien serrer le temps qu’elle prenait sa douche. Trop heureux de la voir enfin sortir du lit, le brun accepta. Cela fait la française s’habilla rapidement d’un jean slim que sa mère l’avait forcée à acheter puis elle enfila un top vert pomme à col bateau qui lui tombait sur les épaules en découvrant une. Un coup de brosse et un peu de noir sur ses yeux et l’étudiante était presque prête à partir. En regardant par sa fenêtre elle vit que Martin l’attendait déjà dehors, adossé au capot de la BMW M6. Il était incorrigible. En lui rendant ce service Rayne serait très en avance à son propre rendez-vous bien qu’il fut déjà presque 2 pm. Elle avait révisé jusque tard la veille et avait donc choisi de faire une grasse matinée avortée très gentiment par son frère. Quel rat !

L’étudiante se mit ensuite en quête d’une paire de chaussures et en trouva des bleues foncé, des ballerines avec un petit talon, attrapa son sac fourre-tout où se trouvaient d’ailleurs les clés de la voiture et descendit retrouver son aîné dans la petite allée devant le garage. Elle se mit derrière le volant et appuya sur le bouton pour l’ouverture du portail automatique et démarra.

Le chemin jusqu’à la ville se fit sans encombre et Rayne déposa son frère chez un de ses amis qui par chance n’était pas Colin puis elle se dirigea vers St Paul où elle même devait retrouver ses copines pour se détendre un peu. Le parking à proximité de la cathédrale n’était extraordinairement pas encore complet et la brunette put trouver une place pour se garer. Amen ! Joyeux elle coupa le contact et descendit en vérifiant qu’elle n’avait rien oublié puis elle fit le trajet jusqu’au parvis. Elle devait retrouver ses amis là et ensuite faire un peu les boutiques aux alentours. Ce n’était pas vraiment son truc mais pour une fois qu’elle sortait avec d’autres gens elle n’allait pas chipoter. Perdue dans ses pensées, la française ne remarqua pas l’homme qui déambulait et elle le percuta.

« Oh pardon excusez-moi, ça v…a ? »

Rayne s’arrêta dans son élan en observant un peu mieux la personne qui lui faisait face. Son visage lui disait quelque chose mais son air débraillé et sa longue barbe qui lui en mangeait la moitié empêchait la jeune femme d’être sure. Mais en s’attardant un peu plus sur sn regard, la française fut frappée par un éclair de reconnaissance. Horrifiée par cette vision elle porta la main à sa bouche en retenant un hoquet. Elle savait qu’il avait disparu, qu’il avait vraisemblablement quitté la ville voilà quelques mois puisqu’il n’assurait plus ses cours d’histoire mais jamais Rayne n’aurait pu imagine cela. Elle avait pensé que cette découverte des vampires avec Courtney l’avait poussé à partir à la recherche de son Graal mais elle n’arrivait pas à y croire. Qu’avait-il bien pu lui arriver pour qu’il se tienne là devant elle, le regard perdu, éteint et vêtus comme un mendiant.

« James…c’est vous ?! »

Dit la française d’une toute petite voix.

Lorsque James croisait des Londoniens en train de manger des friandises, il ne pouvait s’empêcher de les envier. A leur passage, il ralentissait le pas pour mieux les observer. Certains dégustaient véritablement leur encas, d’autres les dévoraient sans laisser place au plaisir. Si seulement il pouvait avoir un petit bout, rien qu’un petit bout… Il remarqua qu’il n’était pas le seul à les envier. Il croisa en effet un chien errant, trottinant légèrement dans le parc et amadouant les consommateurs. Il était très fort. Il arrivait toujours à avoir un petit bout de quelque chose. C’était un comble. Les humains préféraient donner à un chien plutôt qu’à l’un de leurs semblables. James n’allait tout de même pas « faire le beau » pour avoir une friandise !

Il était en train d’observer ce chien lorsqu’il percuta quelqu’un. Il allait s’excuser de suite, mais la personne le devança. Cependant, au lieu de continuer sa route, la jeune femme s’arrêta et l’observa. C’était la première fois qu’il croisait quelqu’un qui daignait l’observer ainsi. Cela en devenait même gênant. Que lui voulait-elle ? Allait-elle se mettre en colère ? Non. Son visage ne reflétait aucune colère mais plutôt de la perplexité. James attendait, un peu bête. Il ne savait s’il devait continuer son chemin, ou s’il devait attendre qu’elle sorte un son. De plus, cette jeune femme était charmante. Raison de plus pour être embarrassé.
Lorsqu’elle parla enfin, le cœur de James fit un bond dans sa poitrine. Avait-il bien entendu ? Elle l’avait appelé James ? Ainsi, elle l’avait reconnu !

-Vous… vous me reconnaissez ? demanda-t-il précipitamment.

Ainsi le seigneur avait entendu ses prières ! Enfin quelqu’un qui le reconnaissait ! Sans plus attendre, il s’approcha d’elle et posa ses mains sur ses épaules.

-Je vous en supplie, aidez moi.

Ce n’était pas seulement des paroles. Il s’agissait vraiment d’un appel au secours. Il ignorait qui était cette femme mais elle pouvait surement l’aider. Il espérait seulement qu’il ne s’agisse pas d’une ancienne ennemie ou d’une femme qui lui en voulait. Mais à bien y regarder, elle n’en avait pas l’air. Son regard reflétait l’incompréhension et la surprise. Tout à coup, James eu peur qu’elle ne se trompe. Peut-être l’avait-elle confondu avec quelqu’un d’autre. Dans ce cas, ce mince espoir finirait en fumée. Il tentait de fouiller dans sa mémoire ce visage, mais rien ne lui venait. Il était vraiment frustré de ne pouvoir la replacer dans son passé.

Derrière elle, il vit deux policiers venir dans leur direction. Il retira aussitôt ses mains et reprit une distance raisonnable. Un clochard accostant ainsi une belle jeune femme faisait désordre.
Il chuchota de nouveau ces quelques mots : Aidez-moi.

Une fois les agents à leur hauteur, l’un d’eux prit la parole.

-Excusez-moi mademoiselle. Cet individu vous dérange-t-il ?

James attendait la réaction de la jeune femme. Il espérait fortement qu’elle ne le laisserait pas tomber.

Rayne ne croyait toujours pas la vision fantomatique qui se tenait devant elle, à tel point qu’elle ne savait toujours pas s’il s’agissait bel et bien de son professeur. Mais si c’était lui alors il devait y avoir eu un gros problème. Peut-être qu’elle aurait pu l’aider mais la française repensa à son comportement lors de leur dernière entrevue, comme elle s’était montrée froide envers lui. Cela avait été une sorte de rupture et maintenant elle le retrouvait là et il n’était plus rien, même plus tout à fait un homme.

Avant qu’elle ne puisse ajouter quoi que ce soit l’homme demanda si elle le reconnaissait. La brune ne pouvait pas tout à fait répondre oui car celui qui se tenait devant elle ne ressemblait plus du tout à celui qu’elle avait connu et admiré. Le brillant professeur d’université et père attentionné. Rayne eut d’ailleurs une pensée pour le jeune Eliott et se demanda ce qu’il avait pu lui arriver et si elle devait prendre son téléphone et contacter Sam pour lui dire ce qu’il venait de se passer. Le clochard l’attrapa par les épaules et l’étudiante cru qu’il allait se mettre à la secouer comme un cocotier pour lui sortir plus d’information. Ne savait-il vraiment plus rien de sa vie d’avant, au bien n’était-il tout simplement pas James Whyte ? Mais se fut une supplique qui s’échappa des lèvres du brun et la jeune femme sentit son cœur se briser sous ces mots au poids si énorme de sens.

« Euh…je… »

Bafouilla Rayne avant que James ne recule l’air penaud et lui murmure une nouvelle fois de l’aide, une lueur de désespoir dans ses pupilles. Elle, était désemparée par ce qu’il se passait. Même si elle ne l’avait pas connu auparavant, la brunette refusait de laisser cet homme livré à lui-même alors que visiblement il n’avait pas toute sa tête. Elle sursauta presque à la voix étrangère qui l’interpella. La française se retrouva alors face à deux agents des forces de l’ordre qui lui demandait si tout allait bien. Elle avait envie de leur répondre que non puisqu’une personne chère à son cœur ressemblait désormais à une loque mais ils ne comprendraient certainement pas aussi opta-t-elle pour une réponse neutre.

« Non, c’est mon oncle et vous savez…»

L’étudiante porta son index à sa tempe et le tourna pour miner aux policiers que le brun n’avait pas toute sa tête et que cela expliquait son comportement étrange. Les agents échangèrent un regard perplexe avant de regarder une nouvelle fois celui qui ressemblait à un mendiant.

« Bien si vous le dites… »

« Oui ne vous inquiétez pas. Merci et bonne journée ! »

« Bonne journée Mademoiselle…et Monsieur… »

Rayne sentait la fatigue l’envahir, sa journée détente allait se transformer en cauchemar et s’annonçait très dure moralement. Elle reporta son attention sur James, elle avait vu dans ses yeux qu’il ne lui faisait pas totalement confiance quant à sa réponse aux policiers et elle espérait que maintenant il était rassuré et serait en conséquence coopératif. L’étudiante ne savait même pas par quoi commencé, si elle devait savoir s’il était réellement son James mais elle se voyait mal poser la question de but en blanc. Et pourtant la franchise serait peut-être le plus efficace.

« Vous ne savez vraiment pas qui vous êtes ? »

La française ne savait pas sur quel pied danser en fin de compte. Elle ignorait encore si cet homme était bien celui pour qui elle le prenait et si c’était le cas que pourrait-elle faire pour l’aider.

La jeune femme, au grand soulagement de James, réussi à éloigner les agents de police. Elle l’avait fait passer pour fou, mais au fond ne l’était-il pas vraiment ? Il n’avait pas encore envisagé cette option, mais après tout, c’était plausible. Le fait déjà d’avoir perdu la mémoire prouvait quelques déréglages au niveau de l’équilibre mental ! Cependant, il n’avait pas l’impression d’être fou, en dehors de son amnésie. Cependant, il était fort probable qu’elle le prenne tel quel ! James se poserait des questions aussi à sa place.
Il allait la remercier, mais elle fut plus rapide.

Il se sentit vraiment bête avec cette question. Non, il ne savait pas qui il était. Elle allait vraiment le prendre pour un fou ! Cependant, elle l’avait déjà aidé face aux policiers. Peut-être était-il tombé sur la bonne personne. Il hésita un instant, puis il décida d’être franc jeu.

-Non, répondit-il en haussant les épaules. Il soupira puis continua. Tout ce dont je me souviens, c’est de m’être réveillé il y a quelques jours sous un pont. Avant ça…le trou noir, termina-t-il en passant une main derrière la tête.

Il l’observa un instant guettant sa réaction, puis la devança sur sa réponse.

-Vous devez surement me prendre pour un véritable fou. Je ne sais trop comment je réagirai à votre place. Mais si vous me connaissez, s’il vous plaît aidez-moi. Je n’ai nul part où aller, je ne connais personne. Je ne peux même pas demander de l’aide à quelqu’un que je connais, puisque je ne me souviens de rien !

Il fit une pause, cherchant ses mots pour la convaincre puis reprit.

-Chaque jour depuis mon… réveil, je me pose cette question : qui suis-je ? Si vous saviez combien cette situation est horrible ! J’ignore qui je suis, et je ne sais comment j’en suis arrivé là. Je devais bien avoir une autre vie, puisque vous m’avez reconnu ! A moins que je ne sois vraiment votre oncle et que je sois fou…

Comment allait-elle réagir ? James comptait vraiment sur elle. Il se demandait qui elle pouvait bien être, mais il verrait ceci plus tard. Si elle l’acceptait de l’aider, il aurait le temps de le lui demander. Il doutait être vraiment son oncle. Elle ne l’aurait pas appelé James et vouvoyez sinon.Quel était leur lien? Autant dire qu'il attendait beaucoup d'elle.